J’étais parti, début 2016, sur un rythme d’un épisode d’Internet Zinc par semaine. Après 30+ épisodes, je trouvais que je commençais à me répéter, et l’élection de Trump en novembre a achevé de me couper les pattes. Ensuite j’ai eu des problèmes de santé, fait un déménagement transatlantique, tout ça… Pas pour me chercher des excuses, mais disons que 32 lettres en 2016, c’était trop.

En 2017, ce sera une, ça me semble plus raisonnable.

1. Twitter et gaz lacrymogène

Évidemment, une bonne part de l’année-internet a été consacrée à comprendre et assimiler l’élection de Trump. J’ai toujours trouvé les accusations à l’égard de Facebook ou Twitter trop exclusives (pas fausses) : Trump est d’abord une créature de la télévision, une star de la télé-réalité, soutenu par une chaîne, Fox News, qui, pour un œil européen, ressemble moins à de l’information qu’à un mégaphone fascisant — mais n’en est pas moins la chaîne la plus regardée du pays, depuis des années.

George Orwell, dans une chronique publiée pendant la guerre dans la presse, expliquait combien il trouvait idiots les discours qui prétendaient que les progrès technologiques, le train, le téléphone, la radio, avaient « aboli les distances » et « rapproché les hommes ». Au contraire, notait-il, le monde n’avait jamais été aussi ouvert qu’en 1913, quand on pouvait aller dans le monde entier sans passeport; et aussi fermé qu’à partir des années 1930, à l’ère des nationalismes et du protectionnisme. Dans le même ordre d’idée, j’ai vu passer récemment une recension d’un livre qui parle d’Edison et qui note qu’il s’est passé moins de 20 ans avant que ses poteaux téléphoniques soient utilisés pour des lynchages dans le sud des États-Unis…

Il est certain que nous avons reproduit cette naïveté, déplorée par Orwell, à propos d’internet. N’importe qui peut désormais publier, certes, mais comment n’avons-nous pas imaginé que les méchants aussi pourraient publier ?

Nous nous étions réjouis de la disparition des intermédiaires, ces gardiens du temple. Mais nous n’avions pas réellement compris que les frontières entre un éditeur, au sens traditionnel du terme, une plateforme, au sens de la neutralité technique d’internet, et un créateur de contenus - ces frontières perdraient beaucoup de leur sens et que la situation qui en résulterait ne serait pas une simple victoire du troisième larron, le créateur. Que les choses seraient beaucoup plus compliquées que ça.

Je ne partage pas les analyses qui considèrent que les gros méchants capitalistes d’internet ont gâché la fête et qu’il faudrait surtout revenir à la liberté et à l’espace commun des débuts. Je considère que c’est un point de vue erroné et impotent. Erroné parce que cette neutralité est un peu mythique : l’espace web était jadis moins important, politiquement et économiquement, et donc moins investi par les puissants, mais hormis dans ses toutes premières années universitaires, il a toujours été un espace contrôlé par des intérêts privés. Il l’est en tout cas au moins depuis les années 1990 quand j’ai commencé, personnellement, à l’utiliser : Netscape et AOL n’étaient pas là pour cueillir les paquerettes dans les champs de l’utopie. C’est aussi une position impotente parce que le retour en arrière à un internet libéré de l’emprise du capitalisme / de l’État (choisissez votre poison) n’arrivera pas. Et que du coup ces positions ne nous montrent pas comment avancer concrètement, maintenant.

Internet est devenu aussi complexe qu’une société humaine… puisqu’il est désormais tissé à la société dans son ensemble.

Le livre de l’année, sur ce sujet, a été pour moi Twitter and Tear Gas, de Zeynep Tufekci.

Zeynep Tufekci est professeur en Sciences de l’Information, elle partage son temps entre l’Université de Caroline du Nord et Harvard, où elle est associée au Berkman Klein Center for Internet and Society, et elle a une rubrique régulière dans le NY Times sur les conséquences sociales des changements technologiques. En résumé elle écrit Internet Zinc, mais à temps plein à Harvard et pour le NY Times. Mais sinon, c’est pareil : faut la lire.

Zeynep Tufekci est d’origine turque, elle a suivi en direct la montée en puissance d’Erdoğan, elle a participé aux manifestations du parc Gezi à Istanbul en 2013 et elle a tissé de nombreux liens avec les activistes, en particulier pendant le Printemps arabe, qui ont utilisé les réseaux sociaux pour faire bouger les lignes.

La thèse de Zeynep Tufekci est simple, mais nuancée et inconfortable.

La marche sur Washington de 1963 (« I have a dream… »), explique-t-elle, a réussi a mobiliser beaucoup de monde, mais uniquement grâce à un travail de fond, sur plusieurs années, de structuration à la base et d’actions locales, culminant dans l’organisation, sur plus de 6 mois, d’une marche nationale. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont montré qu’on pouvait en quelques jours mobiliser des centaines de milliers de personnes, s’organiser très rapidement et prendre de vitesse les pouvoirs constitués, sans avoir besoin de ces mois et années de labeur préalable.

Mais ces mouvements, note-t-elle, manquent de « profondeur ». Elle veut dire par là : leurs racines sont peu profondes, leur organisation peu efficace, leurs capacités d’adaptation et de résilience moindres. Quand l’État réagit et contre-attaque, il est plus difficile à un mouvement de ce type de faire le gros dos, changer de tactique, ressurgir. Zeynep Tufekci cite en exemple les manifestations à Hong Kong en 2015 : la Chine a éloigné la police, veillé à ce que le mouvement ne sorte pas, géographiquement, de son bac à sable de HK, et attendu. Le mouvement est d’une certaine façon mort d’ennui : il n’y avait rien à twitter. (Notons au passage, même si ça n’est pas dans le livre, que c’est aussi une interprétation possible des Nuits Debouts parisiennes.)

Les manifestants apprennent à utiliser Twitter pour se mobiliser, le gouvernement s’adapte et apprend à utiliser Twitter pour « tracker » les manifestants et gérer la perception publique des évènements. Il y a une lutte, récurrente, autour de l’usage des technologies, mais ce n’est pas une droite, avec la victoire au bout, ce n’est pas non plus un cercle, où on reviendrait au départ; c’est une spirale. La victoire de Trump, du point de vue d’internet, est une incarnation de ce rattrapage des « méchants », qui étaient en retard et ont largement repris la main. Il y a un nouveau round qui démarre, et on sort du livre avec le sentiment que l’issue est très difficile à prédire…

Notre erreur principale a sans doute été de considérer que les valeurs personnelles de ses inventeurs étaient inscrites dans internet et le web. Mais on ne leur demande, en réalité, pas leur avis et, finalement, le web n’est pas nécessairement, structurellement, favorable aux libertés, comme on l’a cru. La technologie est un outil, qui n’est ni bon, ni mauvais, ni neutre : ce que la société en fait est une autre question.

2. Du web lent

2017 a aussi pour moi été l’occasion de réfléchir à nouveaux frais à la question, double, de la vitesse et de l’artisanat sur le web. Benedict Evans faisait remarquer dans un billet de blog de juillet que depuis quelque temps les discussions autour de la musique en ligne ne sont plus techniques, mais concernent l’industrie musicale ; et qu’il en est de même de l’édition, où on parle d’Amazon, mais plus des challenges techniques des éditeurs. Il pense que c’est en grande partie parce que les géants d’internet sont déjà passés à autre chose, et s’attaquent maintenant au cinéma et surtout à la télévision.

(Digression : saviez-vous que le livre représente désormais moins de 1 % du chiffre d’affaires d’Amazon ? Je n’arrive plus à mettre la main sur la source qui me l’a indiqué, donc à prendre avec des pincettes, mais c’est l’idée : Amazon s’en fout un peu du livre, maintenant…)

Il y a certainement quelque chose de vrai là-dedans. Surtout pour la musique : j’étais abonné à Deezer la première moitié de l’année, à Spotify la seconde, le switch ne m’a rien coûté si ce n’est quelques playlists et favoris ; le catalogue est le même à 100 000 morceaux près, très complet. De même pour les livres, si vous êtes chez Amazon vous avez les formats .mobi, mais la liseuse ne coûte rien, et vous pouvez lire sur votre téléphone, votre tablette, votre ordinateur (le .pdf est encore très fréquent et commode pour les livres techniques). Même s’il ne sait pas craquer son .mobi pour en faire un .epub, je ne crois pas que l’usager se sente si « enfermé » que ça… Il peut acheter sur Amazon, et de temps en temps sur O’Reilly, par exemple : le tout se retrouve sur son ordinateur ou son téléphone de toute façon.

Toujours est-il que la discussion technique sur les contenus culturels s’est tassée. Mais ça ne veut pas dire qu’il ne se passe rien. Par exemple, un mouvement qui m’a semblé retrouver de la vigueur cette année est celui d’un certain « artisanat ».

Le développement, même le développement web, est devenu de plus en plus complexe. N’importe quel site est maintenant une incroyable cathédrale de frameworks et de containers, de microservices et de code injecté. Mais par le même mouvement, on voit un certain retour à des pages web simples, sans base de données, et de petits frameworks (quand même), spécifiquement conçus pour faire ce type de sites dépouillés.

J’ai suivi ce mouvement et, pour mon propre site par exemple, j’utilise maintenant Gohugo, qui offre un compromis très intéressant de choses toutes faites (ne pas avoir à tout réinventer) et de liberté : on peut bricoler.

Et je mets ça en rapport avec deux livres acquis via Kickstarter cette année.

  • Koya Bound, par C. Mod et D. Rubin. Un livre de photographies, magnifiquement imprimĂ© sur du papier japonais, avec une couverture de toile splendide.
  • The Field Study Handbook, par Jan Chipchase. Un livre sur les mĂ©thodologies d’enquĂŞte sur le numĂ©rique en gĂ©nĂ©ral dans des contextes particuliers : Facebook chez les paysans birmans, par exemple.

La logique des deux livres est proche :

  • on fait du bel objet, de l’artisanat de qualitĂ©, pour un public qui est rĂ©ellement investi (financièrement et Ă©motionnellement) dans le projet.
  • on ne cherche pas Ă  exploiter l’immĂ©diatetĂ© du web pour la crĂ©ation elle-mĂŞme. Il ne s’agit pas de crĂ©er « en public » : ce sont des projets au long cours, conçus hors du regard du web-public.
  • mais on fait de la diffusion un projet web (kickstarter, etc.). La diffusion sera plus restreinte qu’un circuit d’édition classique, mais la qualitĂ© des interactions entre crĂ©ateur et public est incomparable.

C’est l’opposé du blog à succès (création web live rapide) qui devient un livre (diffusion classique lente) : on a une création classique, lente, et une diffusion web, rapide, interactive.

3. Qu’est-ce qu’une startup?

Aux États-Unis, les lois antitrusts ont un objectif clair, qui est de protéger l’intérêt des consommateurs en limitant la collusion, les cartels ou les monopoles, c’est-à-dire tous les mécanismes qui limitent la compétition entre entreprises. C’est ainsi qu’Amazon avait eu, il y a quelques années, gain de cause contre les éditeurs de livres et Apple qui s’étaient entendus pour éliminer entre eux la compétition sur le prix du livre : un cartel, logiquement interdit.

Mais toutes ces lois (qui datent aux États-Unis des années 1890 à 1914 pour l’essentiel) ont un biais implicite : que l’intérêt du consommateur et l’intérêt du citoyen coïncident. Amazon a montré que ça n’était pas nécessairement le cas : les prix baissent, un agriculteur du Montana peut accéder à l’offre d’Amazon en 2 jours ouvrés… mais les dégâts sur le tissu de la société peuvent être importants.

En 2017, il me semble que le vent, peut-être, a tourné, et les appels à la régulation des géants de l’internet se font plus vifs. C’est à mes yeux une excellente chose.

Pourtant en tant que citoyen, je ne retiens pas particulièrement mon souffle : ma confiance en nos États, démocratiques, mais adorateurs des solutions de contrôle et surveillance des populations, est assez limitée. Ce n’est pas parce que l’Union européenne, par exemple, régulerait demain Google ou Amazon que mes intérêts seront nécessairement mieux protégés. Et la tentation serait grande, aussi, d’en profiter pour protéger des secteurs économiques de toute compétition… en leur créant, par la loi, une rente de situation.

Bref, le débat sur la régulation émerge, mais il sera sans doute difficile de ne pas tomber dans les excès inverses et de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

Une meilleure prise en compte du dynamisme des situations dans le secteur serait d’une grande aide : il me semble qu’on parle trop comme si Amazon, ou Google étaient des entités « fixes », et on oublie trop que toutes ces entreprises sont finalement encore jeunes, et qu’elles n’ont atteint leur position dominante que très récemment.

Illustration avec Uber : un des cofondateurs a publié le diaporama utilisé pour lever les premiers fonds au moment de la création de la société en 2008 : The Beginning of Uber. C’est absolument à lire si vous vous intéressez aux startups. Pour deux raisons principales, me semble-t-il :

  1. ils identifient clairement des déficiences du marché auxquelles ils pensent pouvoir apporter une réponse
  2. ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font

Sur le premier point, ils font une analyse claire. Les taxis sont une sorte de monopole et proposent un service de mauvaise qualité : voitures vieillies, communications par téléphone, sans utilisation du GPS, systèmes de paiement pourris, etc. Et Uber apporte des réponses techniques (GPS, app mobile, paiement via la CB liée au compte…), juridiques (on est membre, on réserve via le téléphone, on n’appelle pas un taxi depuis la rue, donc ce n’est pas un taxi, donc on n’a pas besoin d’acheter un macaron) et en termes de qualité de service (qualité des véhicules en particulier). C’est tout le principe d’une startup efficace : elle est là pour botter le cul d’acteurs économiques qui vivent d’une rente de situation.

Sur le second point si Uber a, en 2008, une idée de ce qu’ils veulent faire (être meilleurs que les taxis, et moins cher que les services type location de limousine - on est à NY et SF), ils se méprennent entièrement sur la taille de l’opportunité que ça représente. Ils imaginent prendre 5 % du marché dans les 5 plus grandes villes US pour environ 30 millions de dollars annuels de profit.

Loupé : Uber a eu des revenus (!= profits) de plus de 8 milliards de dollars dans le second trimestre 2017. Et du coup sa mission a changé, il ne s’agit plus de prendre 5 % de parts de marché aux taxis de New York, il s’agit de révolutionner le transport de personnes…

Dans toutes les discussions sur Amazon, Google and Co. je trouve qu’on sous-estime toujours cette fluidité : Google n’a pas démarré avec l’objectif de devenir Google ; il n’y a pas de master plan. Cela ne signifie pas qu’il faut les exonérer de quoi que ce soit, mais c’est certainement à prendre en compte : eux-mêmes cherchent leur chemin.

4. De la magie concrète

Il n’empêche, j’ai trouvé positif l’émergence en 2017 de certains débats concrets : sur la place des femmes dans le secteur technologique par exemple. Mais aussi sur l’Intelligence Artificielle, où les présentations dramatiques à la Blade Runner n’occupent plus exclusivement le terrain, mais où on commence aussi à parler de risques plus immédiats, par exemple sur les problèmes de biais dans le Machine Learning : quand on demande aux gens de dessiner une chaussure, ils dessinent une chaussure d’homme, et l’algorithme a du mal à comprendre qu’il existe des chaussures à talons hauts…

Ces questions sont les meilleures à mes yeux, car les moins idéologiques et les plus susceptibles de trouver des réponses, et en cette année de grande internet-morosité j’ai aussi essayé, tout simplement, de rester attentif à ce qui a toujours fait pour moi la magie de l’informatique : la capacité à résoudre des problèmes et agir sur le monde.

J’ai essayé d’y contribuer, par exemple en bricolant un prototype qui permet de charger des images, en particulier des photographies, dans une base de données, et utilise divers services web ou libraries pour automatiquement les interpréter : reconnaître les visages (3 personnes dans cette image, dont une déjà présente dans la photo #55), ajouter des mots-clés multilingues (canal / canal, waterway / voie navigable, barge / péniche), faire de la reconnaissance de caractères sur les textes présents dans l’image… L’essentiel des services utilisés sont fourni par les API de Google et Microsoft, en l’espèce. Si vous utilisez Google Photos, vous voyez que le service classe vos photos de famille pour vous, reconnaît les visages, les lieux, tri et groupe automatiquement les photos : mon prototype utilise leurs outils de back office, id est leurs capacités de Machine Learning, pour faire la même chose et récupérer les données localement.

Dans le même esprit, le Machine Learning, en particulier intégré au téléphone, améliore déjà, et promettra d’améliorer beaucoup encore, l’inclusivité des outils informatiques. Rien de tel que d’avoir des problèmes de santé pour s’en rendre compte. Faites l’exercice : activez, sur Android ou iOS, les options d’accessibilité, et essayez d’utiliser votre téléphone en fermant les yeux. C’est fou, à la fois parce que c’est difficile, et parce que malgré tout on peut faire beaucoup de choses.

Je maudis, par exemple, l’explosion dans Twitter des photos, gifs animés et vidéos liées : le système ne peut rien en faire; en terme d’accessibilité, rien ne sera jamais mieux que le texte.

Pour autant, les commandes vocales, la dictée, la lecture “text-to-speech” sont d’une grande aide, et tout ce qui est nouveau dans l’iPhone X annoncé en Septembre tourne autour ou bien de nouveaux sensors (infra-rouge, par exemple), ou bien du machine learning, les deux ingrédients indispensables aux progrès de la réalité augmentée.

Pour vous faire une idée de ce que ça pourra donner, vous pouvez vous reporter aux tweets de @lukew sur le sujet. Pour un mal-voyant, mettre son téléphone devant un placard et entendre, “pâtes, riz, semoule, thé”, etc. serait certainement une aide inappréciable. Ou, pour une personne âgée, pointer la caméra vers une boite de médicaments et avoir l’information “dernière prise il y a 7 heures”. Un dernier exemple : utiliser la caméra 3D de l’iPhone X pour suivre un visage en temps réel, et envoyer, toujours en temps réel, les données à l’API Microsoft Emotion, qui répond avec une indication permettant à un enfant autiste, par exemple, de percevoir l’humeur de la personne qu’il a en face de lui.

L’informatique, même en 2017, reste magique, pour le meilleur et pour le pire.

5. Département du futur

Je n’ai pas de télévision. Parce que j’ai besoin de temps, parce que j’essaie de me concentrer sur les choses importantes. Le bon thé, les bons livres, la bonne photographie, la belle musique… tout en restant branché sur le pouls d’internet, et essayer de rêver à notre bel avenir.

Je vous parierais que Jürgen Schmidhuber, chercheur en intelligence artificielle en Suisse, n’a pas la TV non plus. En tout cas, il rêve, dans un billet dans Scientific American, à l’avenir de son champs disciplinaire… et de l’Humanité.

De nombreux romans de science fiction évoquent des Intelligences Articielles qui dominent tout. Il est plus réaliste d’imaginer une incroyable diversité d’IA qui tentent d’optimiser toutes sortes de fonctions utilitaires (partiellement contradictions, à l’évolution rapide). Un certain nombre d’entre elles seront générées automatiquement (…) et chaque IA tentera de survivre et de s’adapter à des niches écologiques en rapide mutation, poussées par des forces de compétition et de collaboration entre IA qui sont au-delà de notre imagination actuelle.

Quelques humaines espérent devenir immortels en tant que parties de ces éco-systèmes, grâce à des “uploads de cerveau” dans des réalités virtuelles, ou dans des robots, une idée physiquement plausible évoquée dans la science fiction depuis les années 1960. Cependant, pour survivre dans ces écologies d’IA en évolution rapide, les esprits humains uploadés devront finalement changer et devenir quelque chose de très différent.

Ainsi les humains ne joueront-ils pas de rôle significatif dans la diffusion de l’intelligence dans le cosmos. Mais ça va. Il ne faut pas penser que l’humanité est nécessairement le couronnement de la création. Il faut plutôt voir la civilisation humaine à une bien plus grande échelle, un pas important (mais pas le dernier) sur le chemin de l’univers en direction d’une complexité croissante. Il semble maintenant prêt à franchir un nouveau pas, un pas comparable à l’invention de la vie elle-même il y a plus de 3,5 milliards d’années.

Il s’agit de bien plus qu’une autre révolution industrielles. Il s’agit de quelque chose de nouveau, qui transcende l’humanité et même la biologie.

Internet veille sur vous. Bonne fin d’année.