Imaginez votre création comme une particule, un atome voir, si vous êtes ambitieux, une molécule.

Ce texte littéraire, cette image, cette musique prend une forme matérielle dans le monde : vous lui soufflez au cul et hop !, vous mettez l’atome en mouvement, vous êtes son premier moteur. À partir de ce moment, c’est comme une petite luciole qui s’éloignerait de vous, dont vous percevriez les clignotements dans la nuit. Mais dans la nuit, il y a des monstres, c’est connu, et dans l’espace des forces : votre atome clignotant est lancé dans un espace déformé par le poids des énormes objets qui y voyagent, il penche vers l’un ou l’autre, il tangue vers l’un et l’autre. Chacun donne à sa création le poids qu’il peut, pour éviter qu’elle ne soit satellisée immédiatement par la première force gravitationnelle croisée. On fait de son mieux.

Mais la vitesse de propulsion ! Au début, quand on la lance dans le monde, on peut souffler plus ou moins fort, n’est-ce pas ? Même légère, la création qui déboule à pleine vitesse dans l’univers échappera aux forces qui l’appellent, elle tracera son propre chemin, au moins pour un temps.

Car l’action de publier, cette économie du texte, est aussi une astronomie.

Je publie sur un site web : c’est incroyablement rapide et bon marché. J’achète un nom de domaine, je mets en place un site web sur les serveurs des autres, j’installe un logiciel que d’autres produisent, je clique sur quelques boutons, je choisis une police de caractères, je suis léger et rapide, je lance mon texte dans l’espace en quelques secondes, léger comme une plume.

Je publie un ebook. Qu’est-ce qu’un ebook ? Pour ceux qui ne le savent pas, c’est aussi, techniquement, un site web. Mon fichier .epub est un site web zippé, mais ouvrez-le et vous aurez une page HTML pour chaque chapitre, une navigation par liens entre les chapitres, une feuille de style basique pour gérer les polices de caractères et la mise en page, un répertoire avec des images si nécessaire. Et votre liseuse est un navigateur web bridé, qui ne sait lire que ces sites web zippés. C’est, d’une certaine façon, le smartphone de Mamie : tout a été enlevé, il n’y a pas de distractions, pas de mails ni de Facebook, juste le téléphone et, peut-être, l’application de sudokus. Cet objet-là ne coûte pas cher non plus à lancer vers le ciel, il va moins vite que le site web, mais il mise sur une autre stratégie. Pour ne pas être capté trop vite par une masse trop grosse pour lui, il vise l’espace, l’étendue de densité quasi nulle qui sépare les astres : il n’y a personne d’autre par là, pas de concurrence, c’est le vide, on peut durer un peu plus.

Je publie un livre « industriel », je veux dire un livre de poche qui tire parti de toutes les possibilités de l’industrie du livre moderne. Je construis une maquette et de là un .pdf, je fais appel, en ligne, à une plateforme de print-on-demand, mon livre peut s’acheter en ligne et quelqu’un d’autre, si vous l’achetez, s’occupera de vous l’acheminer. D’une certaine façon, j’ai pris mon petit atome de création, et j’ai décidé de le placer dans la fusée d’un autre, quelqu’un qui fait des fusées, forcément, il n’est pas comme moi, l’imbécile du coin, à bêtement souffler au cul d’une création microscopique pour l’envoyer dans l’espace. Sa fusée emporte vers le ciel, à pleine puissance, des millions d’atomes comme le mien. D’une certaine façon, sa fusée est faite d’atomes comme le mien. Adieu.

Je publie un livre d’artiste. Stéphanie Bouvier, qui fait les illustrations, et moi, qui fait les textes, faisons une maquette, choisissons un papier, un imprimeur, un façonnage, un prix, une quantité, toute petite, forcément. Si vous achetez notre livre, on vous le signera, on laissera dessus, promis, des atomes de nous-mêmes, un peu d’ADN entre les pages. Je promets de ne pas lécher votre quatrième de couverture. Et on ira à la poste. Pour éjecter dans l’espace ce tank miniature, propulsé au diesel. Dont on espère qu’il pétaradera jusqu’à chez vous. Pas vite, certes, mais une fois posé là, sur votre table de nuit, il vivra sa vie d’objet jusqu’à ce que ses atomes, en 2114 peut-être, retournent à la terre. C’est lourd et lent comme un objet du monde ces textes-là.

Italo Calvino, La distance de la lune.

Cette nouvelle est très connue, mais n’en est pas moins remarquable. C’est la première du recueil des Cosmicomiques d’Italo Calvino, publié en 1965 : chaque histoire est construite autour d’un fait scientifique, qui lui sert de point d’ancrage, et se déroule à une échelle spatiale ou temporelle cosmique. Les années lumières traite de la vitesse de la lumière, L’oncle aquatique du fait que les animaux aquatiques ont un jour mis le pied sur terre, etc. Pour lancer chaque histoire, Italo Calvino y met des personnages (toujours les mêmes, aux noms magnifiques et imprononçables, Mme Vhd Vhd, Ursula H’x et notre héros, Qfwfq) et imagine ce qu’il se passerait si on interprétait un peu trop littéralement le fait scientifique en question.

J’ai souvenir d’une interview du comique Raymond Devos expliquant sa technique d’écriture un peu de la même façon. J’utilise, disait-il, le jeu de mots pour alimenter un malentendu : prenons une expression au pied de la lettre et tirons-en toutes les conséquences. « Parlons de la situation », mais sans jamais dire laquelle, et voyons ce qu’il en sort.

La lune, c’est connu, s’éloigne de la terre. Elles ont donc été plus proches qu’elles ne sont aujourd’hui et probablement, il y a très longtemps, vraiment très proches. Dans cette nouvelle de Calvino, Qwfwq explique ainsi que jadis, en montant à une longue échelle et, arrivé au dernier barreau, en tendant les bras, on pouvait toucher la lune et même, en poussant sur les pieds et en s’aidant de la gravité lunaire, aller réellement sur la lune pour, un peu plus tard, revenir par le même chemin sur la terre. Qfwfq et les siens y allaient d’ailleurs régulièrement pour collecter avec sceaux et cuillères de la crème de lune. Certains, plus doués que d’autres à ces exercices, étaient si à l’aise qu’ils étaient lunaires plus que terriens. Dans le partage et les tensions qu’induisent ces aventures lunaires se forgèrent, comme dans n’importe quel groupe, des histoires d’amour, qui éclorent quand on se rendit compte que la lune s’éloignait, que ces aller-retours devenaient plus difficiles, et même dangereux.

Calvino tisse la science, le rêve et la magie, la condition humaine dans une sorte de tapisserie Renaissance, savante et mélancolique. La distance de la lune est un diamant : lumineux, dense, qu’on embrasse d’un seul regard, d’une seule séance de lecture, une merveille de la nature, taillée par l’auteur.

J’ai aussi entendu La distance de la lune lu en traduction anglaise par l’acteur Liev Schreiber, lors d’une séance publique organisée par la radio WNYC. Si vous entendez l’Anglais, je vous conseille cette interprétation magnifique d’une splendide histoire.

🍹 Rhum charentais et Old Fashioned [rhum]

Si on considère le rapport qualité-prix, l’un des meilleurs rhums du monde vient probablement du département des Charente, à quelques kilomètres de Cognac. Maison Ferrand y fait historiquement du cognac bien entendu, mais aussi du gin et, depuis 1999, du rhum sous la marque Plantation.

Et pourquoi pas? Le rhum est un alcool distillé à base de sucre de canne ou d’un dérivé du sucre de canne : la notion d’un terroir existe, certes, mais elle est moins liée à la terre et à ce qu’on y cultive qu’aux hommes, à leurs outils, à leurs méthodes et à leurs traditions. Il ne se cultive pas de la canne partout, mais il se distille du rhum dans le monde entier. Et ce n’est pas nouveau : pendant la période coloniale, la Nouvelle Angleterre avait ses propres distilleries qui produisaient du rhum à partir de sucre et de mélasse importés des Antilles. Il y en a eu semble-t-il jusqu’à 200 dans la région, qui ont disparu progressivement au 19e siècle et au début du 20e. Mais aujourd’hui, de la même façon qu’il y a une mode des brasseries de bière locales et artisanales, une dizaine de distilleries produisent du rhum le long d’une “route des distilleries de rhum” proposée par les offices de tourisme des Etats de Nouvelle Angleterre. Ca existe aussi ailleurs, en Thaïlande, au Japon, ou en France : on distille du rhum en Bretagne, en Normandie, à Brives-la-Gaillarde.

Mais la production du rhum ne s’arrête pas à la distillation. Ensuite on peut le faire vieillir dans diverses sortes de fûts, ou mélanger plusieurs rhums pour en produire un nouveau. C’est ce que fait la maison italienne Velier, qui joue ainsi un rôle d’embouteilleur pour produire des rhums originaux, rachetant les stocks de distilleries à l’abandon, tissant des partenariats avec des producteurs locaux pour assembler ses rhums, qui sont une création, comme un parfum si on veut.

Maison Ferrand travaille un peu dans le même esprit. L’entreprise est dirigée depuis 1989 par Alexandre Gabriel et produit traditionnellement du cognac. L’AOC cognac impose de ne pas utiliser les alambics pendant certaines périodes de l’année. Il était initialement interdit d’en rien faire d’autre, mais Alexandre Gabriel a obtenu l’autorisation de faire d’abord du gin, à partir de 1996, puis du rhum, à partir de 1999, donc.

La logique est assez simple : en ayant un pied dans la distillerie des deux côtés de l’atlantique, on peut mélanger les traditions et enrichir la qualité de l’alcool produit. Maison Ferrand peut ainsi créer un rhum caribbéen, distillé selon les deux méthodes du pot still (commun dans la tradition anglophone et pour le cognac) et de la colonne continue (pensez whisky, vodka, ou rhum agricole), faites le vieillir 3 ans sous les tropiques en fûts de bourbon, puis transportez-le en France pour le faire vieillir 2 années supplémentaires en fûts de chêne.

Maison Ferrand travaille aussi souvent en collaboration avec David Wondrich, historien de l’alcool et de la mixologie, dont l’ouvrage Imbibe! est une référence. Il y a dans ces collaborations un mélange d’érudition et de respect de l’histoire, mais aussi de fantaisie et d’innovation. Par exemple quand la marque créé le rhum Plantation Pineapple. Wondrich a repéré par ses recherches un vieux brevet déposé pour un rhum dans lequel des pelures d’ananas ont infusé et il se rend compte que la pratique était relativement courante dans les Antilles au 18e siècle, puis qu’elle s’est perdue. Alexandre Gabriel s’emparre de l’idée et tente de nouvelles créations, pour finir par trouver une solution où l’écorce d’ananas est infusée dans un rhum blanc pendant trois semaines, la chair d’ananas pendant trois mois dans un rhum foncé et enfin, les deux rhums assemblés. Le résultat est un rhum facile à boire, facile à mélanger en cocktails, abordable, nouveau tout en étant clairement issu de la tradition et presque érudit.

Recette du Rhum Old Fashioned

  • 45 ml de rhum Plantation
  • 15 ml de sirop de canne
  • 2 à 4 traits d’Angostura bitters Mélangez tous les ingrédients dans un verre à mélanger avec de la glace. Remuer pour combiner et refroidir. Verser au-dessus d’un grand glaçon dans un double verre à l’ancienne. Pressez un zest d’orange ou de citron sur la boisson pour libérer les huiles, puis utilisez-le comme garniture.

🗑️ Pages de vieux journal

6 mars 1995. Besançon. 🌦️️ temp. max. 6.4°C.

« Je vois une objection à tout effort pour améliorer la condition humaine : c’est que les hommes en sont peut-être indignes ». (Marguerite Yourcenar)

7 mars 1995. Besançon. ⛅ temp. max. 7.8°C

Qui suis-je ? Pas vous. Et vous ? Pas moi. On aura beau faire, cet écart restera (et, bien compris, doit rester) irréductible.

18 mars 1995. Paris. 🌧️ temp. max. 11.9°C

Au cinéma La Pagode (extraordinaire cinéma, installé dans un décor chinois qui semble plus faux que nature), le J.L.G./J.L.G. de Jean-Luc Godard. Justement ce que je souhaitais : un autoportrait impressionniste plutôt qu’une biographie.

20 mars 1995. Besançon. ⛅ temp. max. 8.7°C

J’accorde une certaine importance au rituel, mais je ne l’envisage que privé, individuel, personnel. En aucun cas ce ne peut être un fait de société : il ne s’agit pas de souder ou de faire valoir une quelconque communauté nationale, linguistique, politique… Le rituel concoure à notre unicité, la culture à notre universalité, non l’inverse. Car alors le rituel deviendrait outil d’endoctrinement, et la culture un privilège quasi-aristocratique.

25 mars 1995. Besançon. ☁️ temp. max. 11.4°C

Parution dans le quotidien Libération d’une caricature de Wuillem montrant le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua (R.P.R.). Celui-ci est accusé d’avoir vendu, malgré un embargo, 6 missiles à l’Iran. Le dessin montre Pasqua sodomisé et éventré par un missile qui, pénétrant par l’arrière, sort par-devant en emportant quelques boyaux avec lui. Un tel dessin, violent, contre un homme politique de premier plan, n’aurait pas, me semble-t-il, été publié dans un grand quotidien national il y a quelques années seulement?

📚 Livres lus

Barbara W. Tuchman. A Distant Mirror: The Calamitous 14th Century. Le 14e siècle, ses guerres et sa peste noire. Histoire de se changer les idées. Un assez mauvais livre d’histoire, qu’on dirait daté des années 1980, mais remarquablement écrit et vivant.

Olivier Cadiot. Médecine générale. J’aurais essayé.

Jhumpa Lahiri. The Penguin Book of Italian Short Stories. Anthologie de nouvelles italiennes de la fin du 19e siècle à la fin du 20e siècle. Beaucoup de belles découvertes pour moi, qui n’est pas particulièrement connaisseur de la culture italienne.

🛒 Ajouté à ma liste

📋 Essais

  • Richard Zenith. Pessoa: A Biography. Une biographie de 1000 pages par son traducteur en anglais. A paraître à l’été 2021.
  • Henry T. Greely. CRISPR People. The Science and Ethics of Editing Humans. Un Professeur de droit à Stanford, spécialiste de bio-éthique, examine les problématiques éthiques et sociétales de la technologie d’édition génétique CRISPR.
  • Mark O’Connell, Notes from an Apocalypse: A Personal Journey to the End of the World and Back. Un voyage au pays des “preppers”, ces survivalistes qui se préparent à l’effondrement de la civilisation.
  • Brad Stone. The Everything Store: Jeff Bezos and the Age of Amazon. En français Amazon : La boutique à tout vendre. Date de 2014, mais je ne suis pas certain que l’histoire d’Amazon ait tant changé que ça depuis.

📖 Littérature

  • Ẓahīr-ud-Dīn Muhammad Bābur. Le Livre de Babur. Quand un grand Moghol, conquérant de Samarcande, écrit son autobiographie. Il coupe des têtes en journée et pense à la poésie du monde en soirée.
  • Maria Stepanova. In Memory of Memory. Repéré parce que publié aux excellentes Fitzcoraldo Editions. A partir de documents familiaux, l’histoire d’une famille juive qui survie aux persécutions et aux catastrophes du XXe siècle russe. Pas de traduction française pour l’instant à ma connaissance.
  • Roberto Calasso. L’innommable actuel. 9e épisode d’une série que je n’ai jamais lue, commencée en 1987. Décrit comme apocalyptique, érudit, parfois réactionnaire? A lire.
  • Katalin Molnar. Quant à je (Kantaje). J’ai possédé ce livre, que j’avais acheté à sa publication en 1996, publié chez P.O.L. Il me manque. Elle raconte la double histoire de sa vie et de son apprentissage du français. Ou plutôt de son français telkilé.

🎁 Autre

  • Aspirateur Robot, Mini Aspirateur Robotique Capteur de Collision 6D, WiFi/App/Alexa, Auto-Recharge 1500Pa Aspiration 500ml Capacité idéal pour Poils d’animaux Coin de l’armoire, Lefant-M201
  • Armor Lux, Pull “Noyal” Homme

🎧 Dans mes oreilles

🎙️ Podcasts

  • Patrick Boucheron. Cours au Collège de France. La Peste noire. Histoire de se changer les idées.
  • Rafael Behr. Politics on the Couch. La politique, surtout britannique, vue sous l’angle de la psychologie, parfois collective. Histoire de se changer les idées.
  • Lost Notes: 1980. Une histoire culturelle des eighties vues par la musique de cette année inaugurale, 1980. Du premier succès commercial d’un disque de Hip Hop à la mort de John Lennon en décembre.
  • New Yorker Fiction. Chaque mois la rédactrice Deborah Treisman reçoit un auteur. Il lit une nouvelle sélectionnée dans les (vastes) archives du New Yorker, puis discute le texte. Il y a des perles : Richard Ford sur John Cheever, Pamuk sur Nabokov, Colm Toibin sur Sylvia Townsend Warner, etc. Depuis 2007.

🎵 Musique

  • Ana Frango Elétrico. Little Electric Chicken Heart. Un album pop, rock, samba, et jazz, amusant sans être ironique, plein de personalité, de bulles et de couleur. Toutes les pistes ne sont pas exceptionnelles, mais certaines sont juste de petites perles roses parfaitement rondes : Chocolate est ma préférée. Ana Frango Elétrico a moins de 25 ans, j’attends vraiment la suite…
  • Charizma & PBW. Big Shots. Charles Hicks, alias Charizma, est mort à 19 ans en 1993 avant d’avoir sorti le moindre disque. Son compère Chris Manak (alias Peanut Butter Wolf) a créé le label Stones Throw Records spécialement pour pouvoir produire cet album posthume. C’est un mélange qui représente le meilleur du rap de cette époque : la production de PBW est d’une richesse et d’une texture incroyable, sans jamais tomber dans la préciosité, et on pressent ce qui fera la patte des disques Stones Throw (Madvillain, Mad Lib, J. Dilla, etc.) ; le flow de Charizma, lui, est incroyable de gaieté, de spontanéïté : il y a même un morceau sur les camions de glace… Un classique qui, s’il était sorti en 1993 comme prévu et non pas en 2003, serait mentionné à côté de l’album Doggystyle sorti, lui, cette année-là.
  • Ryuichi Sakamoto. The Revenant. Si vous avez loupé le début : Leonardo DiCaprio, trappeur dans le Nord-Ouest Américain, est laissé pour mort par ses compagnons après avoir été attaqué par un ours. Il survit. Voyage seul. Retrouve ceux qui l’ont abandonné. Se venge. La majestuosité du paysage, mais aussi son hostilité, sont très présents à l’image, certes, mais sont réellement rendus et portés par la musique. Le film n’existe pas sans cette bande son, mais la musique du film existe parfaitement sans le film. Mettez un bon casque à réduction de bruit, fermez les yeux. Magnifique.
  • Bertrand Belin. Persona. Bertrand Belin est plus que de ma génération, on est nés le même mois, décembre 1970. Ce mois-là, Gomułka est mis en cause par des grèves en Pologne, Régis Debray est libéré par la Bolivie et le club de foot de Sedan Ardennes, pourtant dernier du classement, bat l’AS Saint Etienne, 3-1. Bertrand Belin fait une chanson française, très française, très littéraire, très belle, toujours au bord du précipice : un pas de plus et c’est le cliché, mais non, il se maintient en équilibre. On pense forcément à Bashung. Aussi et principalement, pour moi, à Rodolphe Burger. Bertrand Belin a par ailleurs publié des livres, que je n’ai pas lu, chez P.O.L. Bien sûr : Rodolphe Burger -> Olivier Cadiot -> P.O.L.